Un traitement de Neurofeedback simulé permettrait d’obtenir des résultats similaires à ceux enregistrés par électroencéphalographie pour faire face à certains troubles neurologiques.

Cerveau

Très tendance depuis quelques années, le Neurofeedback, cette technique qui consiste à moduler son activité cérébrale (voir encadré), pourrait bien relever… uniquement de l’effet placebo ! Selon une étude récente parue dans le Lancet Psychiatry, un faux traitement de Neurofeedback – c’est-à-dire simulé – permet en effet d’obtenir des résultats similaires à ceux enregistrés par électroencéphalographie (méthode d’exploration cérébrale qui mesure l’activité électrique du cerveau par des électrodes) lors d’un exercice véritable. Une pierre dans le jardin des tenants de cette technique largement utilisée aujourd’hui pour faire face à de très nombreux troubles (hyperactivité, épilepsie, dépression, anxiété, insomnie, autisme, alcoolisme… ).

Pour parvenir à cette conclusion sans appel, Robert Thibault et Amir Raz, deux chercheurs de l’université McGill de Montréal (Canada), ont analysé la littérature scientifique. « Certains patients dépensent des milliers de dollars et consacrent jusqu’à six mois de leur vie à l’entraînement de leur cerveau par Neurofeedback, écrit Robert Thibault. Or, ils tentent de maîtriser des processus cérébraux difficiles à appréhender. » Les chercheurs doivent désormais examiner les facteurs psychologiques et sociaux à l’origine de la réelle et indéniable amélioration des symptômes rapportée par les patients qui pratiquent cette technique. Leur objectif n’étant pas de décrédibiliser le Neurofeedback mais d’établir comment en tirer parti « d’une façon judicieuse sur le plan scientifique et acceptable sur le plan de l’éthique », selon leurs propos.

Une absence de protocole standardisé
Difficile de définir le Neurofeedback. Ce terme regroupe en effet des pratiques très différentes, nées dans les années 1970 et utilisant ou non l’électroencéphalographie (la pose d’électrodes sur le crâne pour mesurer l’activité électrique du cerveau) et le recours à l’imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle ou non, en temps réel, dynamique… ). Le principe étant toujours de permettre à un individu d’apprendre à moduler son activité cérébrale. Au départ, les praticiens enregistrent l’activité neuronale du patient puis lui transmettent ces informations par voie visuelle ou auditive. La perception de sa propre activité cérébrale, en feedback (retour) étant censée permettre au sujet d’apprendre ensuite à la moduler en cas de trouble. Les applications sont très variées (hyperactivité, épilepsie, dépression, anxiété, insomnie, autisme, alcoolisme… ) mais l’absence de protocole standardisé rend la technique très difficile à évaluer. D’autant que des offres non médicales et à but marchand se développent sur le web et sont désormais directement accessibles par le public.

Source : www.sciencesetavenir.fr